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Couvrez ce t-shirt que je ne saurais voir

Le mois de mai est là. Le soleil fait sa réapparition et le froid laisse place à des températures plus douces. Quel plaisir alors de pouvoir ressortir du placard nos vêtements printaniers ! Parmi eux bien sûr, l’indémodable t-shirt… Blanc ou coloré, uni, à motifs ou à message, cintré ou oversize, chacun peut fièrement arborer le sien selon ses goûts et son style.

Mais saviez-vous qu’à l’origine le t-shirt n’était pas fait pour être montré ?

Les prémices d’une success story

Au XIXème siècle, il était impensable de sortir en t-shirt dans la rue. Et pour cause, à cette époque, ce dernier n’est pas considéré comme un vêtement mais bien comme un sous-vêtement.

Les prémices de notre t-shirt actuel se trouvent dans ce que l’on appelle à cette époque un « union suit ». Il s’agit d’une combinaison en coton, boutonnée de bas en haut, portée communément sous les vêtements.

Cette pièce du dressing connaît une première évolution quand il est décidé, pour des questions de praticité, de la diviser en deux parties : un haut et un bas. 

Cependant un problème persiste : la boutonnière. Comment faire lorsque que l’on est un homme célibataire sans compétence en couture et que l’un des boutons de notre sous-vêtement préféré craque ? 

La Cooper Underwear Company, une marque américaine, remédie à ce problème en 1904 en proposant un nouveau produit : un « maillot pour célibataire », dépourvu de boutons. Suffisamment extensible, il peut être retiré facilement par la tête.

C’est ainsi que le t-shirt que nous connaissons aujourd’hui est né.

Il faut attendre 1910 pour que cette pièce soit produite en grande quantité, ce qui n’était pas le cas jusqu’alors. C’est l’entreprise Fruit of the Loom qui est la première à le faire.

Le t-shirt au garde-à-vous

En 1913, l’US NAVY, la marine de guerre américaine, remarque le potentiel de cet habit et décide de le faire mettre à ses soldats. Porté sous l’uniforme à même la peau, il présente de nombreux avantages de confort, mais permet également d’alléger l’entretien nécessaire au costume militaire puisqu’il se salit moins rapidement.

Toujours cantonné au rang de sous-vêtement, il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que le t-shirt se décide enfin à se montrer. Ce sont les soldats américains qui, au sortir de la guerre, adoptent leurs maillots en coton et se mettent à le porter à la maison, sans rien par-dessus. 

A l’heure où revêtir une chemise par-dessus son t-shirt est encore la norme, les soldats en font un objet de revendication sociale, montrant leur mécontentement et exprimant leur difficulté à réintégrer la société après la guerre.

Le t-shirt : nouvel uniforme des sportifs

En parallèle de son histoire militaire, le t-shirt s’impose également dans le domaine sportif.

Dans les années 30, la marque Jockey International Inc. met en vente des t-shirts à destination des sportifs. Ils sont alors appréciés pour leur capacité à absorber la transpiration. Sur les terrains universitaires, ils sont fièrement portés par les athlètes.

C’est également à cette époque que les premiers t-shirts personnalisés apparaissent lorsque les équipes de football décident de faire imprimer leurs noms sur les maillots. Ils deviennent alors des étendards, une façon de montrer son appartenance à un groupe. 

Le t-shirt s’invite dans le septième art

Dans les années 50, le t-shirt fait son apparition sur grand écran, arboré par les acteurs les plus influents d’Hollywood. On retient en particulier encore aujourd’hui James Dean dans La Fureur de vivre.

Originellement caché, le t-shirt s’érige alors en véritable pièce de mode. Il apparaît grâce au cinéma comme l’uniforme de l’homme moderne, viril et séduisant. C’est donc sans surprise que cette pièce connaît un succès fulgurant auprès de la gente masculine américaine.

James Dean

Des années 50 à aujourd’hui : le t-shirt se diversifie et se démocratise

C’est également la période à partir de laquelle on comprend le pouvoir publicitaire du t-shirt. Ainsi, de nombreuses entreprises font imprimer des maillots à l’effigie de leur marque, à l’instar de Disney. Cette technique de communication est également utilisée pour les campagnes électorales. Le premier à en  avoir eu l’idée est le gouverneur Thomas E. Dewey, lors de l’élection présidentielle américaine de 1948.

Le t-shirt est, de plus, un moyen de montrer son appartenance à un groupe. C’est en particulier au sein de la mouvance hippie que cet habit devient un véritable emblème. Très coloré grâce à la technique du tie and dye, il devient le symbole du mouvement « Peace and love », qui refuse le consumérisme imposé par la société de l’époque.

Depuis les années 50 et jusqu’à maintenant, le t-shirt voit donc sa côte de popularité augmenter très largement jusqu’à s’imposer comme un véritable indispensable mode. A partir des années 70, il s’invite également peu à peu dans la garde-robe féminine, et est désormais porté comme n’importe quelle autre pièce de mode.

Françoise Hardy