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T’as de belles rayures tu sais : histoire de la marinière

Il y a fort à parier que vous avez ou que vous portez des marinières. Cette pièce est devenue un incontournable de nos dressings, une valeur sûre de ce que les étrangers appellent “le style à la Française”. 

Depuis sa création au XVIIIe siècle, la marinière n’a cessé d’inspirer le monde de la mode. A tel point qu’un certain Jean-Paul Gaultier en a fait l’une de ses marques de fabrique.

La marinière : du vêtement de marginal au costume militaire national 

Comme de très nombreuses pièces de notre dressing, c’est dans le vestiaire militaire que la marinière trouve ses origines.
Jusqu’au XVIIIe siècle, il n’était pas bien vu de porter des vêtements rayés… En effet, ces derniers étaient réservés à ceux que l’on mettait en retrait de la société comme les bagnards, les gens du voyages, les prostituées

Ce tricot rayé (le mot ”marinière” n’apparaîtra qu’au siècle suivant) est directement inspiré de la marine russe. A l’origine ce tricot était uniquement blanc tout comme celui des pêcheurs et des marins, ce qui a vite créé un problème pour les différencier. La marine russe décida alors que ses tricots seraient foncés avec des bandes blanches. 
Par souci d’uniformisation mondiale de la marine, le tricot rayé est devenu l’apanage des marins. 

Fabriqué en jersey de coton, le tricot descendait alors jusqu’en haut de la cuisse. Il était rentré dans le pantalon à ponts afin de protéger la peau du sel et froid. Ce tricot rayé était considéré comme un sous-vêtement puisqu’à l’époque le caleçon n’existait pas encore.
Sans coutures ni boutons, la marinière permettait aux marins d’être à l’aise et leur évitait de s’accrocher dans les cordages du bateau. 

Une grande partie des marins de la marine française étaient bretons, c’est l’une des raisons pour lesquelles on associe souvent la Bretagne à la marinière. 


Il faudra attendre 1858 pour que la marinière soit officiellement l’uniforme de la marine nationale. A partir de ce moment là, les couleurs deviennent normées : le tricot est blanc, les rayures indigos.

Des légendes concernant le nombre de rayures

Comme toute pièce emblématique, elle est entourée de quelques mystères, le principal étant : pourquoi les rayures? 

Ce choix graphique est avant tout technique. Tout comme le pompon des bérets de marins : si l’un d’eux tombe à l’eau, il sera plus facile de le repérer grâce à son habit rayé.
Si nous avons la réponse concernant les rayures, reste à savoir combien une marinière en possède. 

Une vraie marinière compte “21 raies blanches de 20 mm et 20 ou 21 raies bleues de 10 mm”. 

Pourquoi 21 et pas 20? L’histoire veut que ce soit en référence aux 21 victoires de Napoléon. Mais ce n’est pas la seule explication : le prix de l’indigo, alors coûteux à l’époque, serait une autre explication. Il n’était pas envisageable de teindre l’intégralité du vêtement, alors par souci économique on ne teindrait que des bandes. 

Même si le choix de cette couleur est une volonté de la marine française (des rayures bleues et blanches), on raconte également que l’une des nombreuses superstitions marines disait que la couleur indigo faisait fuir les rats des bateaux… A vous de choisir votre histoire préférée.

D’un point de vue plus rationnel, le nombre de rayures serait avant tout technique. La marinière est tricotée en un seul morceau ce qui permet de supprimer les coutures et les boutons qui pourraient gêner les matelots (on peut s’accrocher facilement)

Par souci de confort, les manches sont de longueur trois-quarts pour ne pas dépasser de la veste et ne pas déranger l’équipage dans ses mouvements.  

La marinière devient civile : merci Gabrielle Chanel

C’est en 1916 que Gabrielle Chanel lance la mode de la marinière. Elle propose pour la première fois dans sa boutique de Deauville une blouse en soie rayée au col marin. Novateur pour l’époque.

Coco Chanel ne fait pas les choses à moitié. Elle ne s’inspire pas uniquement des marinières mais également des pantalons à ponts. Elle fait ainsi entrer le vestiaire masculin et militaire dans les garde-robes féminines.

Coco Chanel habillée avec une marinière
Coco Chanel portant une marinière


Les années 1930 marquent le début de la popularisation de la marinière. En 1936 les Français obtiennent 3 semaines de congés par an. Qui dit congé dit tourisme, les stations balnéaires commencent à se développer. Quoi de mieux qu’une marinière pour se rendre au bord de la mer?

La Haute-Couture s’empare de la marinière

Précurseur du vestiaire masculin-féminin, Yves Saint Laurent met la marinière au premier plan de sa collection “Matelot” présentée en 1966, dans une version robe en sequins. 

En 1978, un jeune créateur décide d’utiliser la marinière comme marque de fabrique dès sa première collection : Jean-Paul Gaultier. Sa collection “Toy Boy” de 1983 lui attribue officiellement ce vêtement. Il continue de l’utiliser tout au long de sa carrière en haute-couture, en prêt-à-porter mais également pour le flacon de son parfum “Le Mâle”.

Jean-Paul Gaultier avec ses marinières photographié par le studio Harcourt


L’engouement pour le tricot rayé ne faiblit pas. Dans les années 1990, c’est au tour de Karl Lagerfeld d’intégrer la marinière dans ses collections. 

Symbole français par excellence, la marinière se retrouve jusque dans les stades.

En mars 2011, elle inspire le nouveau maillot de l’équipe de France de football.

La marinière et le Made in France

La vraie marinière demande un savoir-faire particulier, une transmission de valeur que les marques Armor Lux, Saint-James ou Orcival continuent à véhiculer.

A sa création en 1938, Armor Lux est spécialisée dans les sous-vêtements et les pulls marins. Les années 60-70 marquent un tournant grâce à la création de collections prêt-à-porter. Malgré son ascension, Armor Lux est restée fidèle à son choix de départ : la fabrication française.

Saint-James (à prononcer à la française “Saint Jame”) est à l’origine le nom d’un village Normand. Depuis 1889, Saint-James met en avant les vêtements marins, continuant pour la grande majorité à les produire en France. Toujours sur le devant de la scène et désireux de communiquer les valeurs du made in France, Saint-James collabore régulièrement avec Le Slip Français.

Le Minor met en avant le savoir-faire et la tradition de la fabrication française depuis 1922. Pour en savoir plus sur cette marque, nous vous invitons à lire notre article qui leur est dédié.

Orcival a été créée en 1939 à Paris et depuis cette date sa production est restée française. Une preuve de leur qualité? Ils sont fournisseurs officiels de la marine nationale. Que demander de plus?

atelier de fabrication en france de la marque Orcival
Atelier de fabrication en France de la marque Orcival – source photo : Orcival.com


Quoi de mieux pour conclure cet article que cette belle citation :

Les pulls marins vont avec tout, ne se démodent pas et ne se démoderont probablement jamais. 

Jean-Paul Gaultier